Les hameaux anciens de Patrimonio

17 janvier 2009 à 20:21

Habitants d’une « montagne au milieu de la mer », dont les plaines basses étaient insalubres et dont la côte

Hameau Ficaja

Hameaux Ficaja et Stazzona

était très généralement peu sûre, les corses ont été contraints d’adapter pour leur habitation des sites relativement élevés et aisément défensifs. La corse était autrefois un pays d’habitat groupé à cheval sur les crêtes ou sur les pentes d’un versant. Les villages obéissaient à une règle générale, celle du regroupement. Patrimonio n’échappe pas à cette règle. Les différents hameaux anciens du village sont implantés sur des hauteurs, des crêtes dont une extrémité offre un accès facile. Bien qu’il n’y ait ni « murailles », ni clôtures, l’agglomération semble se refermer sur elle même, avec ses maisons jointes aux ruelles sinueuses (Ficaja, Fracciasca…)

Morphologie de l’habitat

La représentation la plus fréquente des maisons corses est celle d’une construction en hauteur, de deux ou

Hameau Puccinasca

Hameau Puccinasca

trois niveaux, regroupant sous un même toit les fonctions d’habitation et d’exploitation agricole.

L’architecture traditionnelle de Patrimonio, en pierres sèches ou en schiste, est issue directement de la géologie de la région. Ses matériaux sont issus directement de son sous-sol, réalisant une intégration parfaite avec le site environnant.

Les hameaux anciens

Agostino Giustiniani, Evêque du Nebbio au 16ème siècle, écrit dans sa « Description de la Corse » : « Le village de Patrimonio est partagé en plusieurs petits villages : Palazzo, Ficaia, Picinascha, Cardeto, Calvello, Frecciasca ; puis Barbaggio, village situé à mi hauteur de la chaîne de montagne sur la route de Bastia. »

Selon les registres de taglie, vers la fin du 16 ème siècle, le Borgo de Saint-Florent est également comptabilisé dans la Pieve de Patrimonio. Ainsi, en 1587, on obtient le résultat suivant : Borgo de Saint-Florent (30 feux et 10 demi-feux), Vicinascho (6 feux et 1demi-feu), Fersascha (3 feux et 1 demi-feu), lo Palasso (3 feux et 2 demi-feux), la Ficaggia (16 feux et 8 demi-feux), Barbaggio (28 feux et 6 demi-feux). Par la suite Saint-Florent et Barbaggio seront considérés comme des communautés à part entière.

1. La Ficaja

C’est le hameau le plus élevé du village et le plus représentatif de l’architecture corse. Il est construit non loin d’une source d’eau (A Funtana Vecchia). Au siècle dernier s’y trouvaient un bar, un boucher, un ébéniste, un tailleur, un cordonnier, un moulin, de nombreuses caves avec leurs pressoirs (comme dans les autres hameaux du village) et quelques fours qui servaient à la cuisson du pain. On y trouve également une ancienne carrière d’où ont été extraites les pierres de construction des maisons. Un peu plus haut dans la montagne se trouve aussi une carrière de lauzes ou teghje (pour couvrir les toits). Il faut dire que pendant longtemps ce fut le hameau le plus peuplé du village. Point de départ du chemin muletier qui menait à Bastia, la Ficaja est à vingt minutes de marche de la châtaigneraie de « Rugani ».

2. La Stazzona

Stazzona en corse signifie la forge ou le dolmen. C’est un hameau de quelques maisons situé en contrebas de la Ficaja. Pendant longtemps, dans les écrits, ce hameau a été assimilé à la Ficaja.

3. Le Palazzo

Palais en corse. Il regroupe quelques maisons anciennes et de nouvelles constructions. Avant guerre, il y avait une épicerie, deux bars et même une salle de classe. Pendant la seconde guerre mondiale un char d’assaut y explosa.

4. La Fracciasca

Pendant longtemps fut le fief de la famille Léandri, aujourd’hui disparue, qui donna de nombreux élus à la commune.

5. Le Calvello

La famille Calvelli donna son nom au hameau. C’est là en effet que se dresse fièrement l’immense demeure familiale, qui eu pour hôte célèbre Pascal Paoli.

En face de cette bâtisse se trouve la chapelle de la famille Calvelli dédiée à la Trinité.

Des écrits nous apprennent l’existence dans le hameau d’une autre chapelle, aujourd’hui disparue, Saint Jean Baptiste. Mgr Giustiniani s’y rendra en 1702 lors d’une visite pastorale. Cette chapelle appartenait à la communauté villageoise.

Le Calvello est un lieu important dans l’histoire de la Corse. En effet le 31 juillet 1768, la maison Calvelli où s’étaient retranchés une soixantaine de patriotes corses, fut attaquée par les troupes françaises du général Marboeuf. Le combat durera jusqu’à la nuit. Ce n’est que le lendemain, le 1er août, que le général de Grandmaison vient à bout de la résistance des soldats corses en faisant tirer au canon sur la maison.

6. Le Cardeto

Sur un petit promontoire se trouve l’église Saint-Martin. En contrebas, au bout d’une ruelle se trouve la maison du conventionnel Arena, ennemi de Napoléon Bonaparte.

Au 17ème et 18ème siècle sur la place de l’église, après les offices, les notaires du village dressaient des actes à la demande de la population. C’est également là que les chefs de famille du village se réunissaient pour prendre des décisions concernant la communauté ou pour élire leurs représentants et les gardiens des cultures.

Après guerre, le hameau a hébergé l’école du village. Pendant la récréation, les enfants du village se retrouvaient à la forge de la famille Olmeta pour activer le soufflet.

Aujourd’hui encore, le Cardeto est le point de départ des nombreuses processions religieuses qui se déroulent tout au long de l’année.

7. La Puccinasca

Les évêques du Nebbio y avaient leur résidence d’été au XVIIème siècle. La particularité de ce hameau est qu’il est divisé en deux groupements de maisons jointes se faisant face. L’un deux est d’ailleurs appelé « Casale ».

8. Santa Maria

Ce hameau où se mêlent habitat ancien et nouvelles constructions à pris le nom de la chapelle romane qui s’y trouve. Cette chapelle (dédiée à la Vierge Santa Maria Assunta) récemment restaurée daterait du 10/11ème siècle et serait contemporaine du château de la Tozza. La messe y était célébrée le 15 Août, jour de l’Assomption. Le lendemain, 16 Août, jour de la Saint-Roch, une messe y était dite, afin de bénir le sel apporté par les paysans. Ce jour-là, on n’oubliait pas également de bénir les animaux présents devant la Chapelle. D’après la tradition orale, il y avait autour de cette chapelle un très vieux cimetière. Autrefois à proximité, l’on pouvait se désaltérer à une fontaine. Ce que ne manquaient pas de faire les nombreux jeunes du village qui jouaient au foot à l’emplacement de l’actuel groupe scolaire. Au XIXème siècle, avant l’arrivée de l’automobile, c’était à Santa Maria que s’arrêtait la diligence Balagne-Bastia, qui empruntait la route impériale : au relais, situé à l’emplacement de l’Ostéria di San Martinu, on procédait à l’échange des chevaux. Toujours à l’emplacement de L’Osteria di San Martinu, mais au siècle dernier, existait un café-épicerie-restaurant tenu pat Joseph Giacinti, dit « le cafétier ».

Les anciens se souviennent également de la boulangerie-épicerie exploitée dans les années 30 par Jean-Baptiste Dominici, qui détenait aussi une pompe à essence pour alimenter les automobilistes.

Dans ce hameau se trouvent aujourd’hui l’agence postale, l’école et la mairie.

Catégories : Géographie, Histoire

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